L'introduction

C'est, semble-t-il, en juin moins 547 que Hippocrate a posé la première pierre de ce véritable tissu d'insanités qu'est devenue par la suite cette tristement célèbre Salade Mythologique.
Celle-ci ne se voulait à l'origine qu'une sorte de chronique mondaine de la noble société athénienne. Malheureusement, Hippocrate, pour des raisons de santé, dut abandonner rapidement la rédaction de ses commentaires pleins d'un esprit malicieux et poétique, sur les charmantes amours des Circé, Egérie, Euterpe et autres Muses qu'il rencontrait tous les soirs dans les Jardins de l'Hymette ou sur les pentes fleuries de l'Ida.
Quelques semaines plus tard, un plumitif de seconde classe, est-ce Gallien, est-ce Culape, on ne sait pas exactement lequel des deux, se permit de reprendre à son compte ces Chroniques. Cette authentique pornographie (du grec ancien POR = cochon et ne-graphie = écriture grossière et maladroite, c'est à dire ce que peut faire un cochon avec sa "queue" !), cette " porno " donc, comme on disait à l'époque, était vendue sous la chlamyde dans les petites rues chaudes de l'Acropole, récitée, déclamée et commentée bruyamment dans les tavernes par la lie du peuple.
Comment cette pernicieuse littérature a-t-elle pu ainsi traverser les siècles, l'obscurité romaine, la grande nuit du Moyen-Age, la Renaissance, le Siècle de Louis XIV et celui des Lumières ?
Par quels tortueux cheminements ce texte a-t-il fini par atterrir sur le bureau du Docteur Alfred Velpeau par un beau jour d'automne 1846 ? Par quelle étrange aberration ce noble et pudique tourangeau, en ayant fait faire des copies, les a-t-il envoyées à ses collègues Armand Trousseau, Louis Pasteur, Cochin, Bichat, Boucicaut, Noêlla Hennec, Beaujon, Sainlouis et Foch ? Et enfin, par quel égarement insensé, tous ces médecins, ces savants d'une incomparable spiritualité, s'emparèrent-t-ils de ces phrases honteuses pour en accroître et parfaire l'obscénité, et en répandre chacun des versions toutes plus détestables les unes que les autres parmi leurs proches, et surtout, ce qui est infiniment plus grave, parmi leurs internes ?...