Elle avait seize ans à peine,
Elle sentit battre son coeur,
Un beau soir pour le mec Eugène,
Marinette a cru au bonheur,
Et le soir d' la fêt' nationale,
Quand la bombe se pèt' en l' air,
Elle sentit au contact du mâle,
Un frisson lui parcourir la chair.
Par devant par derrière,
Tristement comm' toujours
En fermant les paupières,
Elle a connu l' amour.
Les oiseaux dans les branches,
En les voyant s' aimer,
Entonnaient la romance
Du quatorze juillet.
Mais quand refleurit l' aubépine,
Aux premiers jours du printemps,
Hélas la pauvre gamine,
Mit au monde un petit enfant.
Mais l' Eugène qu' est un mec à la coule,
Lui dit ton lardon j' m' en fous
Tu l' as fait maint'nant j' me les roule,
A ta place je lui tordrais le cou.
Par devant par derrière,
Tristement comm' toujours,
Fallait voir la pauv' mère,
Et son gosse de huit jours.
Sans chichis sans manières,
Ell' y a tordu l' kiki
Puis dans l' trou des vatères,
Elle a jeté son p'tit.
Mise au ban de la cour d' assises
Comme à çui d' la société,
La jeune femme fut tendre et soumise,
Un beau soir de quatorze juillet.
Elle croyait entendre son gosse,
appelait sa ...Maman!
En entendant l' verdict atroce
Qui la condamne au bagne
Pour quinze ans.
Par devant par derrière,
Tristement comme toujours,
Elle est morte la pauv' mère,
A Cayenne un beau jour.
Morte dans l' espérance,
D' entendre son bébé,
Lui chanter la romance
Du quatorze juillet.
|
|
Dans les bréviaires |
|
|